Armes algériennes du XVIIIe siècle

Le baroud, la détonation et l’odeur de poudre qui s’en dégage ont  été de tout temps le stimulant par excellence des foules. Cela s’est  vu au cours de notre histoire où de valeureux guerriers, chevauchant  des pur-sang arabes excités par l’odeur de la poudre, combattirent  vaillamment. Cet effet entraînant du baroud se retrouve de nos jours  dans nos manifestations populaires.  Cela explique donc l’affection que l’Algérien a toujours vouée aux  armes, fusils, pistolets, sabres qui, dans beaucoup d’intérieurs tant  de nos villes que de nos campagnes, servent d’ornements voisinant  avec les tentures et autres objets d’art.  Le développement d’une civilisation proprement musulmane, au  IXe siècle, favorisa en effet l’expansion de l’art qui commença à  fleurir à partir du XIe siècle en Afrique du Nord. C’était l’art mauresque  dérivé de l’art des califes de Cordoue et étroitement apparenté  à l’art de Séville et de Grenade.  Il embrassait tous les domaines : architecture, sculpture, orfèvrerie,  armurerie d’art. Les Algériens excellaient dans ce dernier domaine.  C’est ainsi qu’au XVIIIe siècle, l’armurerie d’art devint une industrie  particulièrement florissante. Des fusils spécifiquement algériens  étaient l’oeuvre d’habiles armuriers de certaines régions du pays. Ils  en sculptaient et en incrustaient le bois, ils en forgeaient et ciselaient  les batteries et y adaptaient des canons généralement importés  d’Europe.  Ces fusils constituaient un des luxes des chefs algériens et figuraient  parmi les présents que le pacha d’Alger offrait à ses hôtes illustres.