Vue d’Alger (El-Bahdja)

La basse Casbah fut rasée dès les premières années de la colonisation  française, qui redessina et reconstruisit la ville d’Alger à  l’image de certaines villes françaises.  Le front de mer d’El Bahdja est l’un des premiers témoins de l’urbanisation  coloniale. Conçu par l’architecte et artiste peintre Frédéric  Chassériau, dans un style qualifié de néoclassique, il sera inauguré  par Napoléon III en 1865.  Le grand boulevard qui longe la mer s’habille des couleurs de la  Méditerranée. Les façades blanches flanquées de huisseries colorées  de bleu donnent à la ville une identité qu’elle gardera pour toujours.  Sur près de 1 500 m, se succèdent immeubles à arcades  abritant la wilaya d’Alger, la Banque d’Algérie, le siège de  l’Assemblée populaire nationale, le Conseil de la nation et l’hôtel  Essafir. Le front de mer part du square Port-Saïd à l’ouest, longeant  le boulevard Zighoud-Youcef et se prolongeant sur le boulevard Che  Guevara, à l’est.  En contrebas, la gare d’Alger et plus au nord, s’imposent les  constructions harmonieuses de l’Amirauté bâtie sur les îlots d’où a  été tiré le nom El Djazaïr. C’est là que Pedro Navarro a édifié le  penon pour menacer la ville d’Alger. L’amélioration de ce mouillage  remonte au XVIe siècle. C’est le dey Khayr-Eddine qui, en 1529,  après avoir chassé les Espagnols, décida de le relier à la terre ferme  par un amas de blocs naturels. Le boulevard du front de mer s’affranchit  des limites qu’on lui impose et rejoint le port par un système  de rampes impressionnantes. La ville s’ouvre sur le monde  par le biais de son port qui n’a pas fini de s’étendre.