Les ksour du Sud algérien

Le Sud algérien peut paraître inapproprié à la vie humaine tant il  semble envahi par les sables. Pourtant, il existe de vastes régions  formées de grands plateaux gréseux, de sebkhas où des zones de  végétation, plus ou moins abondantes, ont favorisé l’établissement  de l’homme. Celui-ci connaît une vie sédentaire prospère depuis  des millénaires. En témoignent les vestiges architecturaux, forteresses,  foggaras (conduites d’irrigation traditionnelles), habitations, etc.,  aménagés dans les différentes régions. L’ensemble de ces constructions  forment ce qu’on appelle le ksar, auquel est annexée une  casbah, édifiée en commun par les habitants et servant de précieux  dépôt. Parmi les nombreux ksour existant dans le Sud algérien, deux  retiennent l’attention.  Ksar de Sidi Ouali (Tamentit, Touat)  Situé dans la Saoura, dans la région du Touat, commune de  Tamentit, le ksar de Sidi Ouali est l’un des plus anciens de la wilaya  d’Adrar. Il fut édifié entre le XIe et le XIIe siècles et connut un développement  important. Son extension est due essentiellement au  nombre croissant des foggaras – un moyen ingénieux d’irrigation –  qui continuent de jouer leur rôle en retenant les eaux des rarissimes  crues bienfaisantes. Le ksar en compte cinq, constituant un gigantesque  réseau de canaux et de bassins dans un entrecroisement  agréable et judicieux. Cet ensemble constitue un système d’irrigation  traditionnelle unique au monde.  Exposées à l’humidité croissante de la sebkha se trouvant à  proximité, les constructions en toub (pisé) du ksar ont été fortement  endommagées, ce qui a provoqué un exode massif des populations  vers Adrar au milieu du XXe siècle.  Le ksar de Sidi Ouali est un modèle remarquable du génie  architectural et urbanistique local. Toutes les commodités de la vie  sociale sont réunies, reflétant l’art de la construction traditionnelle  saharienne. L’aspect défensif et protecteur du ksar derrière ses  remparts a largement contribué à la préservation des valeurs esthétiques  et symboliques traditionnelles de la société saharienne.  Casbah du ksar d’Ighzar (Gourara)  Sur la Grande Sebkha, appelée sebkha du Gourara, à Ouled Saïd,  près de Timimoun, la casbah se trouve à hauteur du ksar d’Ighzar  dont elle porte le nom. Une ancienne appellation, Ighzar El Marsa,  était attribuée à celui-ci en raison de sa proximité de l’oued.  Le ksar d’Ighzar, édifié à l’époque médiévale, a connu un  important développement, notamment avec la construction de nombreuses  foggaras et l’établissement de l’homme. Cependant,  l’assèchement de la sebkha au début du siècle dernier et le départ  des habitants vers d’autres ksour ont été à l’origine de l’abandon  de cette casbah.  A l’instar des autres casbahs du Sahara central, notamment celles  de la région du Touat, du Gourara et de Tidikelt, la casbah du ksar  d’Ighzar est de forme rectangulaire avec quatre tours d’angle,  symbole de l’architecture militaire du Sud. Véritables forteresses-greniers,  les casbahs sont destinées à la protection et l’emmagasinage  des récoltes, d’où la désignation de «forts-silos».  Riche par son réseau hydraulique traditionnel, composé de neuf  foggaras, la casbah du ksar d’Ighzar constitue un patrimoine historique  et archéologique considérable. Elle offre également un aperçu  sur le nombre d’habitants, sachant qu’à chaque salle correspond  une habitation au sein du ksar, ainsi que des détails sur la nature et  la quantité des récoltes emmagasinées.  Enfin, la casbah du ksar d’Ighzar, qui se trouve sur la route des  caravanes de touristes, offre un lieu de repos idéal et invite à la  découverte de sa fameuse grotte d’Ighzar, sur la vallée de Meguiden.