La révolte de Cheikh El Mokrani (1871-1873) El Mokrani, fils d’El Khalifa El Hadj Ahmed El Mokrani, a fait partie des forces d’Ahmed Bey. Après la mort de son père en 1853, il lui succéda au poste de bachagha. Depuis sa nomination, Cheikh El Mokrani fut l’objet de beaucoup de pressions donnant lieu à d’énormes problèmes créés par l’administration coloniale. La proclamation du décret du 24 octobre 1870 portant suppression du régime militaire et son remplacement par un régime civil assimilant l’Algérie complètement à la France, devait constituer la raison principale de l’organisation de la révolte de Cheikh El Mokrani. Les autres causes principales qui ont conduit à la révolte Cheikh El Mokrani sont : - la famine qui a dévasté la population algérienne entre 1867 et 1868 et qui a fait beaucoup de victimes sans que les autorités françaises portent assistance à la population ; - les actions de l’église, sous la conduite de Lavigerie, qui consistaient à christianiser les orphelins algériens, exploitant la famine qui a touché la population ; - la suppression des bureaux arabes présidés par des officiers français ; - le problème de la dette contractée en 1869 par Cheikh El Mokrani pour venir en aide aux sinistrés de la famine et aux agriculteurs algériens. Le 16 mars 1871, Cheikh El Mokrani commença son offensive vers Bordj Bou-Arréridj avec une armée constituée de 7 000 cavaliers avant de l’étendre à d’autres régions du territoire national. Cheikh El Mokrani poursuivra sa révolte jusqu’au 5 mai 1871. Il fut mortellement blessé à Oued Soufflat, dans la région de Aïn Bessem (wilaya de Bouira), et a été transporté vers la Kalaâ de Béni Abbès pour être enterré dans le cimetière de ses ancêtres. Après sa mort, la révolte s’est poursuivie sous la direction de son frère Boumezrag El Mokrani jusqu’à fin janvier 1873. En 1874, ce dernier a été déporté en Nouvelle-Calédonie. La révolte de Cheikh Bouaâmama (1881-1908) Mohamed Ben Larbi Cheikh Bouaâmama est originaire de Moghrar Tahtani, dans la région d’El Bayadh. Bouaâmama apprit le Coran, la sunna, la littérature et la langue arabe au milieu d’éminents savants et érudits de l’Université de Kairouan. Il fonda une zaouïa qui a rassemblé les Ouled Sidi Cheikh et dilué les divergences tribales pour un même idéal, celui de la lutte contre le colonisateur. Il réussit ainsi à unifier les courants des confréries Rahmaniya et Derqaouiya. Concernant le volet militaire, Cheikh Bouaâmama fit de Moghrar Tahtani une base militaire et érigea 32 tours ceinturées d’une muraille ainsi qu’un cadran solaire pour réguler la garde. Il mit en place un atelier de fabrique d’armes, notamment les mousquetons. Les populations des wilayas actuelles d’El Bayadh, Béchar, Naâma, Saïda, Sidi Bel Abbès et Tlemcen se mobilisèrent pour fournir le gros des contingents et assurer la logistique. Son premier fait d’armes sera marqué par l’arrêt des travaux du chemin de fer près de Aïn Sefra, destinés à faciliter l’accès à la zone. Le soulèvement fut d’une ampleur telle qu’il dépassa les régions de Frenda et Saïda à l’ouest, Laghouat à l’est et Meniaâ et Timimoun au sud. Le soulèvement prit une tournure militaire avec les accrochages sur le terrain : 34 batailles furent menées, dont 22 des plus farouches, durant les années 1881 à 1903. La bataille de Chellala, à 80 km de Aïn Defla, fut la plus meurtrière. Des bataillons entiers dirigés par le général Ditri subirent d’importantes pertes. Cheikh Bouaâmama resta un grand révolutionnaire, résistant à toutes les pressions militaires et politiques, et ce, jusqu’à sa mort, le 17 octobre 1908, à Aïn Sidi Mellouk, près d’Oujda, au Maroc.