Objets personnels de l’Emir Abdelkader

Tous ceux qui ont approché l’Emir Abdelkader, de Léon Roches,  qui fut son secrétaire de 1837 à 1839, à Si Kaddour Ben Rouila,  soldat poète qui avait été blessé à Alger en 1830 et qui avait rejoint  Abdelkader pour être son secrétaire particulier, reconnaissent en  l’Emir son humilité. Les témoignages d’historiens et autres proches  relèvent sa modestie : «Son costume était simple, une chemise en  coton, par-dessus une gandoura en laine, un chèche de laine fine  et blanche fixé par une corde en poils de chameau autour de sa  tête et un burnous blanc recouvert quelquefois d’un burnous brun.  Pour tout ornement, un chapelet qu’il égrenait tout en murmurant  ses prières. Il portait toujours le costume national et avait interdit à  ses hommes d’orner leurs vêtements.»  «El Hadj Abdelkader, témoigne Si Kaddour Ben Rouila, se nourrit  très sobrement. Il est toujours vêtu simplement. Il est poli avec tout  le monde. Il est noble et ne le fait pas paraître. Il est très honnête  et ne veut jamais rien prendre pour son compte dans le Trésor public.  Il rend la justice au plus humble des musulmans. Sa justice est tout  à la fois douce et rigoureuse. Il n’est pas indulgent pour celui qui a  commis une faute grave et il punirait son fils s’il était mis dans le  même cas.»  Le capitaine Saint-Hypolite, qui venait de rendre visite à l’Emir  Abdelkader à Mascara, fut très impressionné au point de ne pouvoir  s’empêcher de livrer ses sentiments sans réserve dans une correspondance  qu’il adressa au gouverneur général Droue d’Erlon :  «L’Emir est un homme remarquable. Il est dans une situation morale  qui est inconnue de l’Europe civilisée. C’est un être détaché des choses  de ce monde ; l’intérêt personnel ne le guide pas ; l’amour des  richesses lui est inconnu ; il n’est attaché à la terre qu’en ce qui tient  à l’exécution des volontés du Tout-Puissant, dont il n’est que  l’instrument.»