Orfèvrerie des XVIIIe et XIXe siècles

Dans pratiquement toutes les villes et campagnes algériennes, la  «rue des Siyyaghine» (rue des orfèvres) fait partie de l’environnement  et représente un quartier particulier quant à ses boutiques, à ses  artisans et à l’atmosphère qui y règne. Les boutiques se ressemblent  et occupent toutes une petite surface. L’orfèvre y travaille assis au  rythme des petits coups de marteau et des frottements de la lime.  Pendant longtemps, malgré la valeur des objets qu’il produisait et  la matière qu’il utilisait, l’orfèvre avait recours à une installation sommaire  composée d’un foyer formé de plusieurs pierres superposées  et d’un creuset en terre réfractaire pour faire fondre l’or et l’argent.  En guise de moule, un os de seiche permettait de couler les bijoux  d’une seule pièce.  L’orfèvre disposait d’une gamme restreinte d’outils : le marteau  qui, manié habilement, produisait des merveilles, et l’enclume. C’est  entre le marteau et l’enclume que se créait le bijou. Le stylet pour  tracer les motifs, le foret pour percer, les tenailles, la lime et le  ciselet finissaient l’ouvrage sous la conduite patiente et précise  de l’orfèvre.  Les objets usuels que l’on retrouvait dans les maisons étaient  l’expression même du raffinement dans la société citadine, alors  que les ustensiles prenaient des allures de parures de luxe qui  décoraient les demeures tout en ravissant l’invité auquel on  exhibait les plus belles cafetières ou théières, les plus belles coupes  et les plus beaux plateaux. La maison, elle, exhalait les meilleures  senteurs d’encens qui brûlaient dans des encensoirs ou brûleparfums  ajourés pour donner à voir un métal ciselé par les mains  habiles d’artisans chevronnés.